Bicentenaire de la naissance de

Baudelaire

Les fleurs du Mal & Spleen de Paris

Théâtre des Grottes, Genève
Octobre 2021

Chaque époque à son Baudelaire et, celle-ci sera le Baudelaire selon l’acteur et metteur en scène Alexandre Païta avec un programme qui lancera les commémorations du bicentenaire de la naissance de Baudelaire (1821-2021). Dans le territoire intangible de la culture, Baudelaire arrive à 2021 avec une fraîcheur et une actualité souveraine, avec le prestige de sa pensée et de son style intact. Son bicentenaire doit être célébré par toutes et tous ceux qui aiment la culture en général la littérature en spécial, des domaines à qui M. Païta offre une totale dévotion.

Dans un spectacle théâtrale-poétique, musicale et chorégraphique qui est l’aboutissement d’un travail né d’une longue maturation (bien avant l’enregistrement de 2017 du CD avec 21 pièces de Les Fleurs du Mal et de Le Spleen de Paris) on trouve un programme signalant la rencontre passionnelle et bouleversante de M. Païta avec Baudelaire, le chantre de la modernité ou le « Dante d’une époque déchue », selon l’expression de Barbey d’Aurevilly.

Né poète comme on naît petit, grand, blond, brun, noir ou blanc, avec les yeux châtains ou bleus, Baudelaire a formulé que « c’est à la fois à travers la poésie, par et à tra-vers la musique que l’âme entrevoit les splendeurs situés derrière le tombeau ». Il y a une profonde inspiration plastique dans Les Fleurs du Mal et on sait qu’il est entré dans la carrière littéraire comme critique d’art. Baudelaire a été initié aux arts plastiques peut-être par son père qui maniait le pinceau. Dans Mon coeur mis à nu, Baudelaire se proposait de « glorifier le culte des images, ma grande, mon unique, ma primitive passion ».

Dans le spectacle conçu par Alexandre Païta et Melissa Cascarino on trouvera une caverneuse et lumineuse correspondance entre les royaumes du poétique, du musical et du plastique, un antre où les corps chavirent et succombent à la puissance sensorielle de la poésie et sombrent dans une eau chatoyante.

On devine au loin la danse des Bacchantes et des Satyres pendant que la voix des acteurs nous offre le voyage entre la vitupération haletante du Chant d’Automne et la fa-tigue douce et mâchouillée qu’on écoute dans Les Bienfaits de la Lune. Plus que deviner la danse, on aura une Bacchante personnifiée par Melissa Cascarino.

Les spectateurs en cercle, le piano à queue au centre, les voix dans les mots de Baudelaire, la musique et la danse ne forment qu’une seule et même cellule qui concentre des flux magnétiques qui se diluent et glissent les uns dans les autres, un organisme vivant qui repose sur des fréquences cosmiques que seul un rapport poétique au monde sait délivrer. Ces entrelacs de textures génèrent un prisme que chaque personne présente pourra traverser pour repousser les bords du monde. C’est l’immanence de l’essence poétique qui est là présente en toute chose, tout corps et tout endroit.

Pin It on Pinterest

Share This